Editorial aout 2024 – Malraux en justiciable par Emmanuel Pierrat

Les lecteurs attentifs d’André Malraux connaissent ses formules aussi lucides que mordantes sur la justice : « Juger, c’est de toute évidence ne pas comprendre puisque, si l’on comprenait, on ne pourrait pas juger » disait-il comme il écrivait dans Les Conquérants : « Au nom de la justice et d’autres fariboles ».

De fait, Malraux n’est pas un justiciable comme les autres.

Malraux en condamné

On connait d’abord surtout les (més)aventures khmères et judiciaires du jeune écrivain et esthète.

C’est en 1923 en effet, qu’André Malraux se fait passer pour un archéologue amateur et obtient l’autorisation officielle du chef du service archéologique d’Indochine de se rendre au temple de Banteay-Srei, près d’Angkor. Il dit être passé par L’École des langues orientales et évoque un don en faveur de l’École française d’Extrême-Orient.

En réalité, cette année-là, André et Clara Malraux sont sans le sou puisque tout a été englouti dans des valeurs mexicaines dont le cours s’est effondré.

Malraux veut revenir à meilleure fortune et, aidé par Clara et son ami d’enfance Louis Chevasson, ils ont mis le cap vers l’Indochine. Le célèbre marchand d’art Daniel-Henry Kahnweiler, comme son confrère Paul Cassirer, leur ont parlé d’art du sud-est asiatique et de chiffres à donner le tournis. Malraux et son comparse auraient pris attache avec des collectionneurs désireux d’art khmer.

Sur place, à Angkor, ils racontent encore ne vouloir que faire des moulages destinés au musée Guimet.

Bien que la politique officielle fût alors de conserver les œuvres in situ, Malraux, aidé d’un ami, enlevèrent les sculptures qui ornaient les murs du temple à l’aide de pics et de scies à pierre. En deux jours, ils dégagent ainsi sept sculptures, qui sont transportées par voix fluviales. Il y en a là pour un million de francs de l’époque.

Arrêté à Phnom Penh à bord du bateau qui devait le conduire en France, Malraux proteste en faisant valoir que le temple était res nullius : une propriété abandonnée, n’appartenant à personne.

C’était ignorer qu’en vertu d’un traité entre la France et le Siam datant de 1907, le temple était déjà classé « monument historique » et appartenait à la France.

Les charges retenues furent la spoliation de monuments et le détournement de fragments de bas–reliefs.

Malraux et son complice sont arrêtés à Phnom-Penh le 23 décembre 1923 et assignés à résidence. Après quatre mois, ils sont incapables de payer la note d’hôtel.

Clara a été mise hors de cause et n’est pas inculpée. Elle regagne Paris en juillet 1924 et pétitionne en faveur d’un statut privilégié pour « ceux qui contribuent à augmenter le patrimoine intellectuel de notre pays». Breton, Mauriac, Aragon, Gide, Paulhan, Jacob et d’autres écrivains et artistes signent.

Malraux est condamné à trois ans de prison, assortis d’une période d’interdiction de pénétrer dans certains territoires pendant cinq ans.

En appel, la cour de Saïgon le condamna à un an et huit mois avec sursis « en raison de la jeunesse et de la réputation de l’accusé », dont un certain nombre de littérateurs français s’étaient portés garants. Son comparse s’en sort avec huit mois de sursis.

Aucun des deux n’est interdit de séjour en Indochine.

Malraux n’accepte toutefois pas cette condamnation allégée et se pourvoit en cassation. La Haute Juridiction annule l’arrêt d’appel en 1925, mais rejette, le 11 mai 1926, la demande de Malraux qui exige qu’on lui restitue les statues…

L’épopée judiciaire n’est guère formidable pour Malraux, mais le coup de projecteur médiatique jeté sur le temple de Banteay-Srei lui vaut d’être protégé pour de bon et d’être restauré par la fameuse et déjà citée École française d’Extrême-Orient.

Étonnants débuts, dans les confins du droit pénal, pour un futur ministre de la Culture…alors que ses successeurs actuels optent en faveur de la restitution des œuvres d’art créées en Afrique sub-saharienne.

Malraux en éditeur clandestin

Si l’affaire d’Angkor noircit encore la légende de Malraux, on parle moins des penchants de l’écrivain pour les publications clandestines, et donc illicites, de livres érotiques.

Son biographe, Olivier Todd[1], raconte pourtant, comment en 1920, le très jeune Malraux se lance dans l’édition de tirages de luxe avec Simon Kra, sous la marque du Sagittaire[2]. Les deux compères regardent d’abord du côté de Charles Baudelaire, de Max Jacob, d’André Salmon ou encore de Rémy de Gourmont.

Mais, assez vite, Malraux flaire le filon des curiosa et entame la republication d’extraits de la Nouvelle Justine de Sade sous le titre Les Amis du crime, puis de morceaux choisis de l’Histoire de Juliette dans un volume baptisé à son tour Le Bordel de Venise.

Tout Sade ou presque est alors interdit et ne sera lisible officiellement qu’en 1958, au terme du long procès subi par l’éditeur Jean-Jacques Pauvert qui a publié le marquis sans s’en dissimuler.

C’est pourquoi Le Bordel de Venise  sort sous le manteau et est imprimé, en 1921, par Malraux et Kra, « Pour quelques amateurs ». Cette version de Sade ciselée par le duo sera reprise, dix ans plus tard, par l’éditeur Maurice Duflou qui choisit pour sa part d’indiquer que le livre a été fabriqué « A Venezia aux dépens des philosophes libertins ».

En usant de mentions laconiques ou imaginaires pour la partie la moins officielle de leur production, le tandem du Sagittaire sait que, dans la grande tradition des éditeurs de livres sulfureux, il faut emprunter une « signature », qui cache la vérité aux yeux de la police si elle saisit un exemplaire ; mais que cette mention peut aussi poétiser, plaisanter ou provoquer : s’entremêlent, dans les rayonnages des lecteurs d’érotiques, des ouvrages clamant qu’ils sont publiés « A Paphos, de l’Imprimerie de l’amour », « A Cologne, à la Couronne des amours », « A Lausanne, Au Verger des amours », à « Amsterdam, A l’enseigne de la liberté choisie », « sous le manteau de la cheminée pour les amis de C.C. », à « Reims, A l’enseigne du pied de biche », par « Le Musée secret du bibliophile français », « A Bombay, Imprimerie des bibliophiles », « A Constantinople, De l’Imprimerie du Mouphti », etc.

Plusieurs des frasques éditoriales de Malraux figurent donc à « l’Enfer » de la Bibliothèque Nationale de France, dont Pascal Pia – ami de Malraux dès les années 1920, a établi le définitif et espiègle catalogue[3] où il cite près de huit fois l’auteur de La Condition humaine, soulignant que ce chef d’œuvre est dédié à Eddy du Perron (cet écrivain et journaliste hollandais finançait l’impression de curiosa afin de les offrir à ses amis)….

Pia attribue encore à Malraux, à son « retour d’Indochine », la composition de La Quintessence satyrique du XXe siècle, une sorte d’anthologie de poèmes, éditée en 1926 et qui rassemble des textes de Baudelaire, Radiguet, Apollinaire ou encore Pia lui-même… Ce curieux mélange figure aussi à l’Enfer de la Bibliothèque nationale.

L’Enfer ?

L’autodafé des livres licencieux a certes existé, pour la démonstration publique, la beauté de la flambée, l’édification et la satisfaction des masses. Mais le censeur, en bon bibliophile, a toujours pris soin de collecter quelques exemplaires à placer à l’abri, en « réserve ». Et même, d’organiser savamment cette étrange collectionnite au sein des bibliothèques. Ce sont ces pièces aux rayonnages secrets qui sont désignées communément comme des « Enfers ».

Le terme serait né, au XVIIe siècle, pour désigner « le grenier du couvent des Feuillants dans lequel on avait exilé les livres hérétiques »[4] ; avant d’essaimer au sein d’institutions en apparence plus ouvertes à la littérature. Le Supplément du Grand Dictionnaire universel de Larousse précise qu’« il existe à la Bibliothèque nationale un dépôt qui n’est jamais ouvert au public : c’est l’Enfer, recueil de tous les dévergondages luxurieux de la plume et du crayon ».

Car la qualité principale des censeurs tient à leur obsession. Les plus grands pourfendeurs de la littérature érotique ont toujours développé un goût très particulier pour la bibliographie, mais aussi pour la conservation méticuleuse des pages et gravures licencieuses.

C’est dans ce climat particulier de la première moitié du XIXème siècle que se serait structuré l’Enfer de la Bibliothèque nationale, les uns – notamment Apollinaire, qui fut aussi éditeur, préfacier, traducteur de curiosa, et, avec Louis Perceau et Fernand Fleuret, premier bibliographe de l’Enfer, en 1913  – datent sa naissance du Consulat, les autres – tel Pascal Pia – rattachent sa création aux dernières années du Second Empire.

Pascal Pia avait relevé, en préface à son célèbre volume bibliographique : « qu’il y ait un enfer des imprimés, cela donner presque à rêver, même à qui ne lit jamais. Le feu est l’un des éléments de la mythologie du livre. Le calife Omar passe pour avoir fait incendier ce qui restait de la Bibliothèque d’Alexandrie après les ravages qu’y avaient provoqué deux cent cinquante ans plus tôt les brandons allumés par les légionnaires romains. Durant de siècles, les écrits condamnés par un tribunal ecclésiastique ou par une cour de justice ont été brûlés, et parfois brûlés avec leur auteur ou avec un mannequin le représentant, si le coupable était en fuite ».

Les Enfers contiennent ainsi, au gré des législations, des modes et de la répression, des ouvrages en plus ou moins grand nombre sur l’adultère, la sodomie, la zoophilie, la pédophilie, le lesbianisme, la nécrophilie, la coprophagie, la scatophilie, le fétichisme, le triolisme, l’échangisme, le sado-masochisme, etc.

Mais tous les livres de l’Enfer ne mettent pas le rose aux joues. Parfois, seul le titre a pu, en temps, paraître érotique. Sur les 1 700 ouvrages de l’Enfer de la Bibliothèque nationale, figurent bien entendu nombre d’ouvrages condamnés. Certains l’ont été « par défaut », car l’éditeur et l’auteur, anonymes, étaient introuvables et n’ont donc présenté aucune défense. Ces piètres succédanés de libertinage ne méritaient ni la sentence, ni l’Enfer.

Ils voisinent des livres qui n’ont jamais été condamnés, car il y a toujours eu, en pratique, une certaine tolérance pour les ouvrages scientifiques destinés au public restreint des chercheurs. Les éditeurs ont su en profiter et les albums sur l’anatomie ou le sport antique ont fleuri au début du siècle. Les conservateurs de l’Enfer ne s’y sont pas trompés. Ils ont mis la main sur des livres puissamment érotiques, malgré leur apparence historique ou scientifique. L’érudition et le retour aux classiques est un autre artifice très répandu. Ainsi que Malraux et Kra l’ont bien compris. Ils ne seront jamais poursuivis en tant qu’éditeurs alors qu’une partie non négligeable de leur production rejoint bien vite l’Enfer.

C’est presque évident tant les Enfers sont un recensement de grands écrivains, qui ont presque tous essayé le genre érotique, avec plus ou moins de clandestinité et de bonheur. Ils y côtoyent les ouvrages des petits pornographes multirécidivistes.

De Crébillon à Verlaine, Maupassant à Aragon, de Mirabeau à Colette ou Cocteau, nombre des plus grands écrivains de langue française ont gratté des feuillets plus ou moins osés et figurent à l’Enfer. Il est donc logique que d’autres aient endossé le rôle d’éditeur et soient aussi à ce titre rangés dans cette bibliothèque d’un autre genre.

Guillaume Apollinaire fut ainsi d’abord poète. Ce premier bibliographe de l’Enfer n’hésita pas à en extirper quelques textes qu’il publia, tantôt officiellement dans « Les maîtres de l’amour », (prodigieuse collection lancée avec les frères Briffaut et la complicité de quelques érudits de talent), tantôt in extenso et sous le manteau.

Le Sagittaire de Kra et Malraux, adossés au libraire et écrivain René-Louis Doyon, ressort de cette veine.

En 1923, c’est d’ailleurs l’écrivain surréaliste Philippe Soupault et Léon Pierre-Quint qui s’adjoignent au petit groupe afin de diriger au Sagittaire la « Collection de la Revue européenne », issue de la revue du même nom.

Mais en 1929, malgré les curiosa, la faillite menaçait et la maison ralentit la voilure. Léon Pierre-Quint, réfugié à Marseille durant la guerre, continua seul l’activité éditoriale clandestine puis, dès la Libération, redonna vie au Sagittaire grâce à des traductions de l’américain et à des ouvrages signés par des résistants. Les Éditions de Minuit rachetèrent la marque en 1950 avant de la céder en 1954 au Club français du Livre. Grasset-Fasquelle, qui possédait ce « Club », essaya en vain de redonner vie au Sagittaire dans les années soixante-dix, sous la direction de Raphaël Sorin et Gérard Guégan. Voilà une longue histoire mêlant livres officiels, livres clandestins et à tout le moins séditieux qui démarra avec Malraux et se termina soixante ans plus tard alors que le cofondateur du Sagittaire qu’est Malraux décède en 1976.

Malraux en témoin

Trois ans avant sa mort, en octobre 1973, Malraux vient cette fois à la barre… témoigner en faveur de Jean Kay, le mercenaire est jugé pour avoir pris en otage, à Orly, le 3 décembre 1971, les passagers du vol 711 de la PIA (compagnie aérienne pakistanaise).

L’homme, qui s’est illustré pour l’Algérie Française (où il est né en 1943), au Cabinda, au Yémen ou encore au Liban, est décrit par les uns comme un « pirate au grand cœur » et par beaucoup comme un illuminé qui défend aussi les « valeurs chrétiennes » et la lutte contre le communisme.

 En 1971, il admire Malraux qui est prêt à aller combattre au Bengale, ce Pakistan dit oriental qui tente de devenir le Bangladesh ; comme il a pris les armes dans les années 1930 contre les franquistes, quelques quatre décennies plus tôt….

Malraux écrira d’ailleurs au Président Nixon une lettre publiée dans Le Figaro, le 17 décembre 1971, le lendemain de l’indépendance du nouvel Etat.

Jean Kay exige des médicaments pour le Bangladesh à l’aide d’une arme à feu et d’une bombe, qu’il porte dans une sacoche.

La police le neutralise après quelques heures alors qu’il croit qu’on charge les médicaments qu’il a demandés. Il a réussi toutefois à tirer sur un membre du groupe qui mène l’assaut.

Mais la bombe dont on voyait sortir les fils électriques du sac, n’en est pas une. Le sac ne contient qu’une Bible, une poignée d’autres livres et un rasoir électrique dont les fils ont berné le personnel de bord et les passagers.  

Au procès de Jean Kay, en 1973, la présence de Malraux pèse lourd dans la balance. Jean Kay n’écope que de cinq ans d’emprisonnement avec sursis. Il sort libre du palais de justice, où il a été défendu par Jean-Marc Varaut. Ce séjour en prison a permis à Kay de finir le livre qu’il avait entrepris d’écrire, mais il y a aussi tissé des liens avec la pègre ; il repart donc cette fois à Beyrouth pour entraîner les phalanges libanaises…

Malraux en image censurée

En 1996, à l’occasion du vingtième anniversaire de la mort d’André Malraux, la Poste prend l’initiative d’éditer un timbre à son effigie à partir du célèbre portrait photographique réalisé par Gisèle Freund en 1935. Sur ce cliché, André Malraux a la clope au bec ; il l’a perdue sur le timbre ! Scandale immédiat, évidemment. Le 7 novembre 1996, Ivan Renar, sénateur communiste du Nord, se fend d’une question écrite au ministère de la Culture où, après avoir rappelé que la Poste avait justifié sa décision par la volonté de ne pas promouvoir la cigarette, il s’insurge contre le procédé en rappelant qu’en son temps, « l’Église avait imposé, au nom des bonnes mœurs, à Michel-Ange de rhabiller les anges qu’il avait peints nus sur les plafonds de la chapelle Sixtine. Le “politiquement correct” va-t-il imposer demain la censure de tel ou tel poème qui fera allusion au tabac ? Va-t-on mettre un blanc dans toutes les œuvres de Malraux à chaque fois qu’apparaissent les mots : cigarette, tabac ou fumée ? » Le sénateur est remonté, il n’est pas le seul. Inquiet de voir se généraliser ce qu’il considère comme une violation de la propriété artistique, un autre élu, député celui-là, et socialiste, dépose une proposition de loi « visant à concilier la préservation de l’intégrité des œuvres culturelles et artistiques avec les objectifs de la lutte contre le tabagisme ».

Didier Mathus, c’est son nom, réagit certes quinze ans plus tard (sa proposition de loi est déposée devant les députés en janvier 2011), mais dans un contexte où les artistes, intellectuels, chanteurs, écrivains, acteurs, cinéastes et autres célèbres adeptes du tabac en un temps où s’allumer cigarette, pipe et cigare n’apparaissait pas comme un vice méritant la potence – au moins –, se retrouvent systématiquement privés de l’accessoire auquel ils étaient associés dans les manifestations destinées à célébrer leur mémoire. En 2005, l’affiche et la couverture du catalogue de l’exposition retraçant l’itinéraire intellectuel de Jean-Paul Sartre à la Bibliothèque nationale de France, montre le philosophe la main curieusement suspendue, deux doigts tendus, les autres pliés… il manque quelque chose, il manque la cigarette. En 2010, la régie publicitaire du métro parisien exige la suppression de la cigarette et de la fumée présentes sur l’affiche du film de Johan Sfar, Gainsbourg, Une vie héroïque, qui reproduit une image inspirée d’une photographie de Stan Wieznak. Même punition un an plus tôt pour l’affiche du film d’Anne Fontaine Coco avant Chanel, qui, elle, reprend un fameux cliché de Horst P. Horst.

La même année, enfin, la régie publicitaire de la RATP, toujours elle, escamote – en se réfugiant, une fois de plus, derrière la loi Évin contre le tabac -, la pipe du cinéaste Jacques Tati sur l’affiche de l’exposition que lui consacre la Cinémathèque. Là, comme à chaque fois, les polémiques gâchent un peu la fête. On pourrait multiplier les exemples, la particularité du timbre André Malraux est d’être l’une des premières victimes de l’application très rigoriste de la loi Évin de 1991 contre le tabagisme et restreignant la publicité pour les boissons alcoolisées. Nonobstant les sarcasmes, la Poste et les pouvoirs publics tiennent bon. Il faut protéger le public des perversions de nos grands hommes.

Quitte à ce qu’André Malraux, immortalisé avec un air d’aventurier ébouriffé, en reste soudainement bouche bée.

Dernières malices juridiques d’André Malraux

Le nom d’André Malraux est aujourd’hui associé à des livres extraordinaires, et à une vie de combattant et d’homme politique hors normes.

Pour le monde du droit, l’ancien délinquant, éditeur sous le manteau, témoin en faveur d’un preneur d’otages et fumeur dont l’image est censurée au nom de la santé publique, est aussi devenu un référence toute autre.

Je veux parler ici, bien entendu, de la « loi n° 62-903 du 4 août 1962 complétant la législation sur la protection du patrimoine historique et esthétique de la France et tendant à faciliter la restauration immobilière », dite plus simplement et couramment « loi Malraux » ; celle-là même qui a permis la préservation et la mise en valeur du patrimoine….

Enfin, quand l’avocat que je suis viens parfois plaider à Saint-Denis de la Réunion, je savoure l’adresse des bâtiments de la Cour d’appel du département situés 5… avenue André Malraux.

Et je me dis que le justiciable Malraux connait à présent une belle vie involontaire de repenti.


[1] Olivier Todd, André Malraux, une vie, Gallimard, 2001.

[2] François Laurent et Béatrice Mousli, Les Éditions du Sagittaire, 1919-1979, Éditions de l’Institut mémoires de l’édition contemporaine, 2003.

[3] Pascal Pia, Les Livres de l’Enfer, Coulet & Faure, 1979, Fayard, 1998,

[4] Marie Kuhlmann, Nelly Kuntzmann, Hélène Bellour, Censure et bibliothèques au XXe siècle, Éditions du Cercle de la librairie, 1989.

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